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SAM. 14 ET DIM. 15 JANVIER
STEREOLUX

FLASH-BACK, ce sont des retours de concerts par quelques plumes bénévoles plongées le temps d’une soirée dans notre programmation pour en transmettre leurs impressions, regards ou ressentis. C’est une manière aussi de vivre autrement notre activité et de faire perdurer les souvenirs laissés par les artistes.

BACH IN THE BLACK

Stereolux, le dimanche 15 janvier 2023. La salle maxi a déplié ses tribunes mobiles. Environ 150 places sont accessibles et équipées d’un casque d’écoute. La séance affiche complet. C’est la quatrième et dernière du week-end. Nous nous apprêtons à assister au spectacle Bach to 3D dans le cadre du festival de danse Trajectoires
Entre la scène et les tribunes, deux femmes vêtues de noir attendent que le public s’installe. L’une d’elle s’empare d’un micro, c’est Anne-Laure Lejosne, régisseuse son et lumière dudit spectacle. Elle nous présente sa comparse, Alice Duchesne. Cette dernière, artiste chorégraphique, est équipée de deux micros de part et d’autre du visage. En plus de danser, elle va aussi être à la prise de son, son que le public captera grâce au casque dont Anne-Laure Lejosne nous propose de nous équiper.  Ce spectacle, c’est davantage avec les oreilles que nous allons le suivre, nous dit-elle. Elle nous propose d’ailleurs de fermer les yeux de temps à autres pour mieux suivre les futures déambulations d’Alice Duchesne.
Les deux artistes s’éclipsent, le noir se fait. Durant 40 minutes, c’est dans l’obscurité presque totale que nous allons écouter la recomposition de la première des célèbres six suites pour violoncelle de Jean-Sebastien Bach. En effet, l’éclairage est minimaliste et nous permet seulement par moment d’apercevoir en partie Alice Duchesne et, lorsqu’ils jouent, les trois violoncellistes qui ont pris place sur le plateau : Suzanne Fischer, Benjamin Jarry et Soizic Lebrat. La danseuse, on l’entend plus qu’on ne la voit : on entend son souffle, ses pas. Les musiciens sont disposés de manière à former un triangle isocèle. Elle évolue à l’intérieur et autour de ce triangle. Un peu avant la fin de la représentation, elle sort même de la salle pour aller capter l’ambiance humide de cette fin de dimanche sur le boulevard Léon Bureau.
Si cette représentation est programmée dans le cadre du festival Trajectoires, ce n’est pas à proprement parler un spectacle de danse. Alice Duchesne n’effectue pas une chorégraphie, elle évolue entre les musiciens, plus ou moins rapidement, agissant ainsi sur la prise de son. Le bémol, c’est qu’en essayant de distinguer ce qui se passe sur scène, l’éclairage ne nous permettant pas d’y voir distinctement, on en oublie parfois d’écouter ce qui se trame entre nos deux oreilles. La musique jouée est somptueuse et l’effet produit par trois violoncelles jouant de conserve est sidérant de beauté. Mais s’il s’agissait de voir avec les oreilles, le pari n’est qu’à demi réussi, la scénographie desservant finalement ce qui compte vraiment : la musique de Bach.

Jean Doe

CRÉDIT PHOTO : MARIA HAYES FISHER (MERCI À STEREOLUX)