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MAKAYA MCCRAVEN :
ÉTOURDISSANT

En ce soir pluvieux de novembre, la boîte de jazz du 9, rue Basse Porte est vide : c’est à la Soufflerie que Pannonica accueille, dans le cadre du festival Jazz en Phase, le grand batteur et compositeur Makaya McCraven. La foule d’aficionados de ce chef de file de la nouvelle scène jazz américaine se presse pour rentrer dans la salle. Le concert affiche complet.

Makaya McCraven entre en scène. Il a une carrure imposante et dégage un charisme certain. Un silence respectueux se fait. On sent d’emblée que l’on n’est pas en présence de n’importe qui. Contrairement à ses albums qui mêlent une multitude de musiciens de tous genres, ce soir sa formation est épurée : un guitariste, une basse et un trompettiste l’accompagnent.

Le concert commence au son de clochettes, de grelots, puis de percussions de toutes sortes, parfois les plus inattendues. On se croirait dans un petit village africain où les passants se mêlent aux chèvres qui avancent d’abord doucement dans la campagne, puis s’agitent gaiement en rentrant dans la ville. Makaya McCraven écoute, se connecte à ses musiciens puis démarre dans une envolée planante et nous offre une musique créative et riche. Il souligne et ponctue les phrases puis mène le bal. C’est fascinant de voir comment s’imbriquent les mouvements de ses deux mains.

Tout au long du concert, la mélodie est omniprésente. Il est en interaction avec ses musiciens, leurs échanges sont fluides et vibrants. Sur certains morceaux, il commence avec un simple frottement de balais sur les peaux et les cymbales et nous entraîne dans un doux tempo swing et groove. C’est suave, on a envie de se lover dans un gros pull au coin du feu. Parfois, le rythme devient plus rapide, vibrant. Ses gestes agiles s’accélèrent, cisèlent la mesure et dessinent un motif dynamique. On sent une technicité incroyable dans son jeu. Il utilise de multiples sonorités courtes ou longues, avec une parfaite synchronisation et coordination de tous ses membres. Les spectateurs.rices bougent la tête spontanément, battent avec leurs pieds la mesure et les corps se balancent.

Lorsque le trompettiste entame la réinterprétation d’ « Autumn in New York », on est transporté dans une balade douce et vivifiante sur les bords de l’East River, devant le pont de Brooklyn.

Après un tonnerre d’applaudissements, le public sort tout étourdi de ce moment suspendu. Indubitablement, la foule emportera avec elle la saveur de cette capsule musicale hors du commun !

KaKo

CRÉDIT PHOTO : OLIVIER VOYER

MAKAYA MCCRAVEN 
Mardi 7 novembre / 20h