Il ne nous a pas fallu attendre que la santé mentale soit érigée Grande cause nationale de l’année 2025, pour nous rapprocher de nos voisin·es du Clubhouse. Issue d’un modèle nord américain, l’antenne nantaise ouvre en 2020 et accompagne les personnes concernées par un trouble psychique, vers une insertion sociale et professionnelle.
Depuis plus de deux ans, des liens se tissent avec ses membres (ainsi sont désignées les personnes qui fréquentent ce lieu), toujours partants pour la découverte et l’échange, accompagnés par une équipe professionnelle bienveillante et très investie. Concerts in situ assortis de goûter ou apéro (préparés sur place par les participant·es), atelier et concerts de musiques improvisées, bénévolat et stage en immersion au Pannonica constituent le programme de ces rencontres fortes et joyeuses, qui rappellent plus que jamais l’utilité sociale du Pannonica et l’impact positif de nos musiques sur des trajectoires individuelles et collectives.
Anett Tamm et David Chevallier en novembre 2024
Aurélie Payen, chargée de cogestion et d’insertion,
nous explique le fonctionnement de ce lieu.
Quelle sont les missions du Clubhouse ?
Peu de solutions existent pour passer de l’état de stabilisation d’un trouble psychique à un retour à une vie sociale et professionnelle stable, durable et épanouissante. Inspiré d’un modèle nord-américain crée en 1948, les Clubhouse sont des lieux qui aident des personnes concernées par un trouble psychique (bipolarité, schizophrénie, dépression, etc.) à sortir de l’isolement. Ils les accompagnent vers une réinsertion sociale et professionnelle et œuvrent pour faire changer le regard de la société sur la santé mentale.
Comment les membres sont orientés chez vous ?
La personne peut disposer de notre lieu quand elle le souhaite et quand elle en éprouve le besoin sans prescription, reconnaissance administrative du handicap. Seuls un suivi médical et la lettre de recommandation d’un médecin sont nécessaires. Clubhouse n’est pas soumis à la sectorisation psychiatrique. Les membres viennent de manière volontaire, ils découvrent l’existence du Clubhouse via différents canaux : autres membres, professionnel·les de santé ou de l’insertion professionnelle, etc.
Quels accompagnements sont mis en place ?
La méthode Clubhouse, unique, innovante et efficace, s’articule autour d’une approche collective basée sur le « faire ensemble » et la pair-aidance, mais aussi d’une approche individuelle basée sur l’autodétermination de chaque personne concernée, véritable acteur de son Projet Personnalisé de Rétablissement (accompagnement sur-mesure du membre avec un·e salarié·e de son choix).
Quels « bénéfices » propres aux projets musicaux identifiez-vous ?
Reprendre sa place dans la société est parfois un défi pour les membres accompagnés. Travailler sur l’inclusion communautaire fait partie de beaucoup de projets de rétablissement, d’un point de vue social, économique, mais aussi culturel. Jouer d’un instrument, aller à un concert, toutes ces activités musicales ne sont pas toujours accessibles à tous·tes. Les projets musicaux avec Pannonica permettent à des membres, parfois très éloignés de la culture, de renouer avec l’art, le beau, se faire plaisir.
Elles et ils sont venu·es au Clubhouse pour un concert et/ou un atelier :
Léa Ciechelski et Henri Peyrous en mai 2024 (Prospectus) / David Chevallier et Annett Tamm en novembre 2024 (Borders) / Morgane Carnet et Blanche Lafuente en janvier 2025 (Qonicho Ah !) / Serge Rozumek et Raphaël Herlem en mai 2025 (Collectif Gros Caillou)
Le retour de Morgane Carnet
suite à son concert en janvier dernier :
« La musique, grand vecteur d’émotions, peut aider à soulager les maux et difficultés mentales, elle fait du bien. Je suis heureuse de pouvoir faire du bien aux gens lorsque je joue de la musique. J’ai adoré ce moment au Clubhouse. Avec Blanche, nous jouons tout le temps dans des contextes différents et nous nous adaptons au « mood » présent du lieu, des gens, du nôtre aussi, et là nous avons commencé un peu tranquille puis avons monté en intensité en voyant que le public était réceptif. »
CRÉDIT PHOTO © POÈTE MAUDIT / © DR