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Dans quelques semaines, nous recevons Jason Sharp à l’occasion du festival Wine Nat White Heat. Le musicien et compositeur est une figure emblématique de la scène underground canadienne mais aussi du label Constellation.

Constellation Records

Créé en 1997 à Montréal par Ian Ikavsky et Don Wilkie, le label Constellation a forgé son identité d’indépendant au grés de collaborations avec des artistes de la scène underground locale mais aussi par des manières de produire et vendre qui sont éthiques et alternatives. Constellation Records est à la fois ambitieux, avant-gardiste et altermondialiste.

Sur son site internet la petite firme montréalaise qui vend plus de 160 références ne conduit de partenariat qu’avec Bandcamp, s’enquiert des problématiques environnementales concernant l’envoi de ses marchandises ou garantit à ses clients des échanges et des mailing « plutôt cool et valables ». Le ton est simple et bon enfant, à hauteur d’homme et de femme, loin d’une image d’élite ou de géant industriel. Côté artistique, on se laisse vite prendre par un catalogue aventureux, tourné vers le mélange des genres et la création. 

C’est son travail avec le groupe Godspeed You! Black Emperor qui a fait connaitre internationalement le label. Depuis, les deux entités collaborent très étroitement, leurs valeurs et engagements se répondent et contribuent à la réputation de l’un comme de l’autre. Le groupe – qui est d’ailleurs plutôt un collectif d’artistes – enchaîne les projets, s’entourant d’une myriade d’autres musiciens. Sur son disque Yanqui U . X . O. à la trompette, on retrouve d’ailleurs Rob Mazurek mais aussi Matana Roberts que la maison de disque accompagne sur sa série de Coin Coin, en en faisant de vrais beaux objets à conserver bien au chaud dans sa collection. 

Pochette de A Boat Upon its Blood, illustré par Kevin Lo

Pochette de Coin Coin Chapter Four : Memphis, illustration Matana Roberts

Rock expérimental, post rock, ou pas … à vrai dire le label rejette les appellations. Son travail avec Matana Roberts est l’un de ceux qui prouve la diversité du catalogue, tout comme celui mené avec Jason Sharp ; un répertoire ouvert, actuel, tourné vers la création. 
Un principe qui se retrouve aussi sur l’aspect visuel et matériel des objets tamponnés Constellation Records. Le label fait effectivement appel à des artistes dessinateurs et plasticiens pour sophistiquer les pochettes de chaque album sorti. On aimerait donc autant regarder qu’écouter ces disques ! 

JASON SHARP

© Gwendal Le Flem

Jason Sharp fait partie aujourd’hui des grandes figures canadiennes du label. Avant de sortir ses propres albums il a travaillé à ceux de Sam Shalabi, Land of Kush, de Matana Roberts, Coin coin chapter 1 et Silver Mt Zion pour Kollaps Tradixionales.

Son premier album enregistré en 2016 et intitulé A Boat Upon Its Blood a offert littéralement au label un nouveau souffle de vie… Effectivement le saxophoniste travaille avec son corps et des techniques de respiration circulaire pour donner à sa musique une intensité toute personnelle qui dessert une ambiance et un ton plutôt mélancolique.

L’artiste entremêle les genres, conserve son saxophone baryton, ajoute un synthétiseur et utilise en plus de l’électronique pour faire de son corps un instrument à part entière : outre sa respiration, il amplifie les battements de son cœur. Au moyen de ces techniques et ce mode opératoire Jason Sharp élargit grandement les possibilités sonores et musicales. Son album suivant Stand Above the Streams et le dernier sorti l’année dernière The Turning Centre Of A Still World sont dans la même lignée. 

Pour The Turning Centre Of A Still World il va encore plus loin dans le rapport physique … puisqu’on parle même de musique biologique. Le ton est plus langoureux, le temps s’étire et le son s’estompe parfois jusqu’au murmure, autour de cela la musique drone et méditative s’impose, donnant aux différents morceaux des notes plus sensibles.    

Avec ces trois albums Jason Sharp s’est imposé comme la référence sur la scène musicale indépendante canadienne. Sur scène, ses concerts ne sont autre que de véritable performance, systématiquement inédite. Le concert est une expérience immersive, au carrefour de la technologie, de la musique et de la biologie. L’artiste a entamé une tournée européenne en avril, il sera au Pannonica à la fin de ce mois de mai.