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MERCREDI 13 MAI
PANNONICA

Pannonica accueillait le mercredi 13 mai Baldwin en Transit, un spectacle composé par le saxophoniste Stéphane Payen à partir des textes de James Baldwin, romancier, dramaturge, essayiste, poète et activiste né en 1924 à New-York, mort en 1987 à Saint-Paul-de-Vence.

J’ai choisi ce concert pour le charme que dégage James Baldwin, son charisme, sa classe, une certaine douceur. Je l’ai surtout choisi car j’ai toujours été révoltée par l’injustice et la haine engendrées par le rejet de la différence.
Pendant toute sa vie, Baldwin s’est battu pour les droits civiques et humains des personnes afro américaines et pour son identité sexuelle. Il a décrit avec profondeur, justesse et sensibilité ce que signifie être humilié, agressé. Devoir supporter l’homophobie, le racisme, le regard pesant de ceux et celles qui considérèrent qu’il n’est pas normal qu’un homme noir se balade dans la rue avec une femme blanche, devoir s’en cacher en ne prenant pas le même chemin, avoir honte de soi pour ce que l’on est, ce que l’on représente…

Dans Baldwin en Transit, on ressent toute la force des écrits de James Baldwin. On reçoit comme un coup de poing dans l’estomac quand les trois vocalistes prononcent les insultes dont sont victimes les personnes noires. La présence et la voix du slameur Mike Ladd mélées au chant et à la douceur de Tamara Walcott, font partager peine et douleur. Lorsque Jamika Ajalon se lève et scande “You don’t know what it is to be like a black and a men”, on ressent dans sa chair révolte et rage.  Il y est aussi question d’amour et c’est par le mot “Love” que se conclut le spectacle !

La performance des musicien·ne·s vient soutenir les voix. À aucun moment elle ne les efface, mais au contraire souligne la force du propos. Parfois seule la partie orchestrale est présente et j’ai aussi savouré ces moments où j’ai pu laisser résonner les textes en moi.
Le spectacle magnifie le propos de James Baldwin. Il rend tangible son désir légitime de reconnaissance, de réparation ; sa volonté de liberté, d’égalité, quels que soient la couleur de peau, l’origine ethnique, le genre.
En tant que femme blanche j’ai vécu d’autres types de discriminations. Pour autant je m’interroge : est-ce que je peux prétendre comprendre la douleur d’être noir ? Et je me dis que je suis légitime simplement parce que je suis un être humain et qu’en tant que tel, je ne peux accepter toute la souffrance que cela engendre. C’est la force de Baldwin en Transit : nous encourager à ne jamais abandonner la lutte pour l’égalité et le respect des droits humains !

Kako

CRÉDIT PHOTO : CHRISTOPHE GUARY