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Ce retour d’année scolaire 2025 amène un vaste retour aux sources façon Pannonica. “Sources” s’entend ici par la limpidité que la musique traditionnelle donne à la mélodie. La “façon Pannonica” consistant à lui faire subir le traitement particulier d’une vision large, qui voit hier autant qu’aujourd’hui. Ce 4 octobre, avec la sonneuse (ou biniaouer, ces noms que l’on donne au joueur de cornemuse) écossaise Brìghde Chaimbeul, puis avec le Shovel Dance Collective, c’est un traitement qui parasite moins le message qu’il le souligne et l’affute.

Brìghde Chaimbeul, seule sur scène, ne cherche pas l’épate. Ses mélodies, parfois de simples sons droits, sont tenues à la démesure, font réfléchir à l’attente supposée du public, s’entêtent à ne jamais s’arrêter et prennent au bout d’un moment valeur de bruit blanc, de son intérieur. Quand une pédale d’effets s’active ou de nouvelles notes arrivent, quand elle change, tape du pied ou, même, lit un conte sur fond de vidéos dépouillées, elle nous emporte puissamment. Oubliez la criaillerie d’une batterie de cornemuses : l’instrument de Brìghde Chaimbeul, actionné par un soufflet fixé au biceps, est d’une entêtante douceur.

The Shovel Dance Collective accueille ensuite huit personnes sur scène pour un ensemble instrumental assez rare : trombone, harmonium, guitares, clarinette basse et flûtes, violon, dulcimer martelé et percussions, harpe, banjo. S’ajoutent des instruments étonnants, une sorte d’harmonica magnum, un banjo à archet, un talkie-walkie qui crachote et affole le micro, et surtout une voix incroyable, puissante et plaintive, impérieuse et précieuse, qui scande et mène la danse. Malgré le nombre d’instruments, le dépouillement reste de mise car ils agissent par empilement sur les mêmes rythmes, produisant eux-aussi une certaine pureté et beaucoup de puissance. Passé quelques tours de solos réussis et une impressionnante précision, le show se finit tout à fait nu, à la voix seule, timide et redoutable. Le public, dont on louera la curiosité sinon la culture, en redemandera longtemps.

 • Camille Pollas

Photos © Maria Hayes Fisher